Ambiance d'automne [pv Oliver]

Dans les souvenirs de Theodora, l'été n'avait jamais laissez aussi vite sa place à l'automne. En ce début de mois d'octobre, les manches longues prenaient déjà place dans les gardes-robes. Les foulards de tous genres étaient offerts en quantités industrielles dans les grandes surfaces que la jeune Van Alen fréquentait, alors que ces congénères du lycé Duchesne optait pour des boots hautes doublées dans les vitrines de chez Tiffany. Pour Theodora, rien ne valait mieux qu'un gros cardigan en cette saison fraîche et pluvieuse.

Mais malgré la température plutôt humide, les grandes portes vitrées de tous les étages de l'école étaient ouvertes. Le vent s'engouffrait par le portail des terrasses encore grouillantes d'étudiants, traversant les couloirs pour refroidir quelques salles de cours non fermées à clés. Laisser les espaces de détentes encore accessibles en ce temps frais était un réconfort pour tous. Même pour Theodora.

Celle-ci était d'ailleurs adossée au garde du troisième étage, la tête penchée vers l'arrière. Le vent faisait balancer ses longs cheveux noirs ondulés, alors que le froid transperçait ses vêtements, ses os. Peu lui importait, car en cet instant, tout lui semblait simple et incroyablement beau. Theodora était ainsi; elle n'avait pas besoin de douces illusions issus de longs métrages cinématographiques ni de paroles aux tintements chaleureux pour se sentir bien. Seule une grande inspiration au grand air la soulageait de son quotidien. Puis, entre deux cours forts ennuyeux, rien ne valait ce petit moment de tranquillité, même partagé avec d'autres élèves qui en faisaient tout autant qu'elle.

L'ambiance négative qui régnait autour d'elle face à l'arrivée de l'hiver ne la touchait guère. Elle entendait à peine les paroles des autres, étant désormais habituée à ignorer la plupart des jeunes de Duchesne. À ses yeux, ils étaient plutôt snobs, sélects et très désagréables à côtoyer. Pour Theodora, seules quelques exceptions se détachaient du reste du troupeaux.

Exceptions faites: alors qu'elle inspirait le grand air, un ''boom'' agaçant la fît sursauter et elle reconnu tout de suite la voix de son meilleur ami.

- Hey toi! Ça va, aujourd'hui? Motivée?

Le garçon qui prenait place près d'elle n'était nul autre que le seul Hazard-Perry de Duchesne; Oliver. Il était son plus fidèle compagnon depuis sa première année dans ce gigantesque établissement scolaire. Ensemble, ils parlaient de tout et de rien, feuilletaient des magazines aux pages cirées, lisaient pour la énième fois des passages de romans, traînaient les pieds dans le quartier et sortaient au Bank. Aux côtés d'Oliver, tout semblait à sa place, naturel et normal. Le monde tournait sans cesse autour d'elle et lui, Theodora le voyait comme son point central. Que ferait-elle sans cette amitié soudée de fer et d'or?

Le sourire aux lèvres, elle le regarda se passer la main dans les cheveux. Sa mâchoire se décontracta et un long bâillement sortit de sa bouche. Theodora comprit tout de suite que la nuit de son ami avait été abrégée d'une quelconque manière. Peut-être avait-il écouté des films sur commande comme ils aimaient le faire pendant la fin de semaine! La jeune Van Alen l'envia pour ce qu'elle n'avait pas; de l'argent à profusion pour tout faire, même si ce n'était que commander des films.

- Brr, il fait froid ici ! Tu as le chic pour choisir ta place !

- Tu n'est pas obligé de rester, tu sais, lui répliqua Theodora non sans un grand sourire malicieux.

Si ce n'était pas Oliver qui se plaignait, c'était sans contredit Theodora. Et puisque celle-ci remportait haut la main la catégorie des marmoneuses, elle relevait chaque remarque de son ami pour le faire paraître aussi pire qu'elle. Une tactique psychologique? Peut-être bien, mais ce n'était pas mal, plutôt exaspérant de sa part. Toutefois, tous deux savaient que c'était amical et loin d'être blessant.

- Tu crois avoir réussis le questionnaire de dernière minute, en histoire?

Le premier cours du matin avait été porté sur l'histoire de l'Europe, plusieurs centaines d'années avant leur naissance. Leur professeur, un homme diplomatique et sérieux, avait piétiné le moral de ses élèves en leur annonçant, à la fin du cours, un questionnaire surprise. Soit dit en passant de trois pages avec des questions à développement.